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14 mars 2009 6 14 /03 /mars /2009 07:20






Il suffirait d'avoir la patience et la paix blonde des grands champs de blé, leur consentement aux grâces mouvantes du vent et des lumières.

Et que nos coeurs chaque jour s'ouvrent à  la fraîcheur et à l'éclat des coquelicots.

A ces fragiles taches rouges, à ces larmes de vie que personne ne provoque et qui viennent pourtant, imprévisibles, au beau milieu des champs, au beau milieu des jours , de nos jours.

Parce que tu existes, même dans les lointains, comme ce rouge dans les blés sages, aperçu depuis une route, tu les inquiètes .

Dieu est aussi frêle que ces coquelicots que, pour leur profit, les hommes veulent arracher de la terre.

Ceux qui entrevoient ta pureté ne comprennent pas ta faiblesse. Ils se demandent pourquoi le plus pur est aussi le plus mortel.

Ils craignent la mort plus que tout, sans voir qu'il y a une chose plus redoutable encore : une vie sans amour.

La mort nous purifie. Quand nous mourons, tout le mal que nous avons fait s'évapore comme une buée.

Comme le coquelicot déchire l'étoffe trop riche des blés, tu brûles le linge, brodé à nos initiales, de notre trépas.

Tu es l'attaquant par grâce, l'incroyable insurrection du rouge de l'esprit dans notre coeur éteint.

Tu es un tigre de douceur.

J'ai un travail ruisselant à faire avec toi.


Christian Bobin
Le Christ aux coquelicots


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commentaires

D
dieu est aussi frêle que c'est coquelicots,<br /> donc dieu est aussi dans les petites choses, ayons de l'amour pour les choses très ordinaires.<br /> Dominique
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S
<br /> <br /> Tout-à-fait d'accord...:))<br /> <br /> <br /> <br />