Sevim
Nous sommes devant la vie comme devant un messager qui frapperait chaque matin à notre porte . Nous l'invitons à entrer , nous le faisons asseoir et nous commençons à lui confier nos espérances et à lui faire part de nos plaintes , avant de lui proposer de partager notre repas et de nouveau la litanie des plaintes , le bavardage des espérances , à présent c'est le soir , nous le raccompagnons à la porte et nous le saluons sans avoir pensé une seconde à lire cette lettre qu'il agitait tout ce temps sous nos yeux.
Christian Bobin
"En vérité, nous vivons dans le monde du rêve. Nous sommes réellement dans le sommeil. Et réellement, nous nous réveillerons lorsque nous mourrons.
Pourquoi nous réveillerons nous en mourrant ? Un être humain, avant de rendre son dernier souffle.. oui, avant de rendre notre dernier souffle, nous continuons à vivre ici comme nous le pensons, comme nous le savons, comme nous le croyons, sans changer le moins du monde; nous restons dans notre cadre et continuons tranquilles . Car selon nous ceci doit être comme ceci ou comme cela, et c'est ainsi que nous devons vivre. Nous nous bouchons les oreilles lorsqu'on nous dit le contraire. Cela est un état de sommeil. Ainsi chaque être humain, sans exception, avant de rendre son dernier souffle, verra tout ce qu'il a vécu dans sa vie, puis verra en face de lui où il doit aller.Chaque être humain ne pourra partir de ce monde et le laisser derrière lui sans voir dans son ensemble toute sa vie passée."
H. Nur Artiran
"Ils ont dit qu'on ne trouve pas de bois en enfer. Chacun emmène son propre.combustible. J'ai cru comprendre que ceux qui vont au Paradis emmènent (eux-même) leurs roses et leurs Lys."
Yunus Emre
Extrait de l'émission de télévision.
Suite :Essai de Traduction
(sur un autre blog)
Sur le magnifique blog
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Il était une fois un cheikh qui était le plus éclairé parmi les hommes de la terre.
Le peuple le considérait comme un prophète. Un matin, sa femme lui dit :
" Ton cœur est aussi dur que le roc !
Est ce que cela fait aussi partie des règles de la sagesse ?
Tous nos enfants sont morts, et moi, à force de pleurer, je suis devenue courbée comme un arc.
Toi personne ne t'a jamais vu pleurer.
N'y a-t-il pas de place pour la pitié dans ton cœur ?
nous sommes tous attachés à toi et nous te servons jour et nuit, mais que pouvons-nous espérer de quelqu'un qui ne connaît pas la pitié ?
Qu'appelle-t-on un cheikh ?
C'est un vieillard dont les cheveux et la barbe sont blancs.
Sache que le véritable cheikh n'a pas même un poil d'existence, que ses cheveux soient noirs ou blancs, celui-là est un cheikh !
N'oublie pas que Jésus a parlé dans son berceau ! "
Le cheikh répondit :
" Tu fais erreur si tu crois qu'il n'existe ni pitié ni tendresse dans mon cœur.
J'ai pitié des infidèles qui risquent l'enfer à cause de leurs blasphèmes.
Lorsqu'un chien me mord, je demande à Dieu de lui offrir un caractère plus doux car s'il mordait quelqu'un d'autre, il courrait le risque d'être lapidé. "
La femme répliqua :
" Si vraiment tu as une telle tendresse pour l'univers tout entier, pourquoi n'y a-t-il pas trace de larmes dans tes yeux alors que le destin nous a repris nos enfants ? "
Le cheikh répondit :
" Qu'ils soient morts ou vivants, ils ne disparaîtront jamais des yeux de mon cœur.
Pourquoi pleurerais-je alors que je les vois sans cesse, là, devant moi ?
On ne pleure quelqu'un que lorsqu'on est séparé de lui ! "
Un autre jour, un homme nommé Behlul demanda à ce même cheikh :
" Dis-moi comment tu te portes.
Dans quel état te trouves-tu ? "
Il répondit :
" Tous les voyageurs subissent Sa volonté et les rivières coulent dans le sens qu'Il ordonne.
La vie et la mort vont là où Il veut.
Certains reçoivent des messages de condoléances et d'autres des félicitations.
Personne ne peut sourire s'Il n'en a donné l'ordre ! "
Behlul dit alors :
" Tu dis vrai et tu as cent mille fois raison.
Mais explique-moi ceci un peu plus clairement afin
que l'ignorant comme le savant puissent profiter de ta sagesse.
Prépare-nous un festin de mets variés afin que chacun puisse manger ce qui lui convient ! "
Le cheikh :
" Chacun sait que rien ni personne ne peut faire quoi que ce soit sans la volonté de Dieu, même la feuille de l'arbre.
Et Ses ordres sont en grand nombre et personne n'en peut faire le compte car qui pourrait compter les feuilles d'un arbre ?
Ce qui est infini ne peut être délimité par les mots.
Les décrets de Dieu trouvent l'acceptation chez Ses créatures.
Quand la créature se soumet à la décision de Dieu,
la vie et la mort lui semblent égales.
Sa vie n'et pas tournée vers le gain, mais vers Dieu.
Sa mort n'est pas causée par les maladies ou les épreuves, mais par Dieu.
Sa foi ne s'adresse pas aux houris et au paradis, mais à Dieu.
Elle renonce au blasphème, non par crainte de l'enfer, mais par crainte de Dieu.
Ceci est dans sa nature.
Ce n'est pas une chose qu'elle a acquise par ses efforts ou par la pratique de l'ascétisme.
Elle rit seulement lorsqu'elle constate que Dieu l'a acceptée.
Pour elle, le destin est une friandise.
Si un serviteur de Dieu est d'une telle nature,
pourquoi dirait-il : " O mon Dieu ! Change ma destinée ! "
C'est parce qu'il savait que la mort de ses enfants avait été voulue par Dieu que cette mort lui était aussi douce que les kadaïfs (pâtisserie orientale).
Rûmi
Extrait du "Mathnawi"
Bizler neyiz ki,
ve bu sabah arkadaşım gül söyledi,
gün ağarırken doğdum,
çiyle vaftiz oldum,
büyüdüm, serpildim,
mutlu ve aşık,
güneşin işıklarına,
gece geldi kapandım,
sabah yaşlı uyandım.
halbuki çok güzeldim,
evet, ben en güzeldim,
bahçenin çiçeklerin içinde.
bizler neyiz ki,
ve bu sabah arkadasim gül söyledi,
bak, beni yapan tanrı,
boynumu büktü,
ve hissediyorum, düşüyorum,
ve hissediyorum, düşüyorum,
kalbim neredeyse çıplak,
bir ayağım mezarda,
ve neredeyse yokum.
dün hayrandın bana,
ve ben toz olacağım,
yarından itibaren ebediyen.
bizler neyiz ki,
ve bu sabah arkadaşım gül öldü,
bu gece ay,
arkadaşımın nöbetini tuttu,
ben, rüyamda gördüm,
büyüleyici, hıslı,
ruhu dans ediyordu,
çıplakların ötesinden daha da uzakta,
ve bana gülümsüyordu.
inanabilen inansin,
benim umuda ihtiyacim var,
yoksa hiç bir şey değilim ben.
evet, fazla bir şey değiliz,
bunu söyleyen arkadaşım gül,
daha dün sabah.
On est bien peu de chose
Et mon amie la rose
Me l´a dit ce matin
A l´aurore je suis née
Baptisée de rosée
Je me suis épanouie
Heureuse et amoureuse
Aux rayons du soleil
Me suis fermée la nuit
Me suis réveillée vieille
Pourtant j´étais très belle
Oui j´étais la plus belle
Des fleurs de ton jardin
On est bien peu de chose
Et mon amie la rose
Me l´a dit ce matin
Vois le dieu qui m´a faite
Me fait courber la tête
Et je sens que je tombe
Et je sens que je tombe
Mon cœur est presque nu
J´ai le pied dans la tombe
Déjà je ne suis plus
Tu m´admirais hier
Et je serai poussière
Pour toujours demain.
On est bien peu de chose
Et mon amie la rose
Est morte ce matin
La lune cette nuit
A veillé mon amie
Moi en rêve j´ai vu
Eblouissante et nue
Son âme qui dansait
Bien au-delà des nues
Et qui me souriait
Crois celui qui peut croire
Moi, j´ai besoin d´espoir
Sinon je ne suis rien
Ou bien si peu de chose
C´est mon amie la rose
Qui l´a dit hier matin.