Christian Bobin
Sevim
Christian Bobin
Christian Bobin
Chritian Bobin
Christian Bobin
Christian Bobin
Je voudrais alléger cette vie , mais par le vrai et non par le faux. Le coeur brûlant et muet peut engloutir toutes les métaphysiques , tous les livres révélés. L'amour embrasse toutes les saisons du temps et les rassemble. En une seule seconde , il fait une gerbe de tout l'or de l'autre.
On n'a qu'une vie , et on l'écrit en la vivant . Les ratures sont nos blessures , mais tout est gardé . Peut-être qu'en mourant on emporte notre manuscrit avec nous , avec ses obscénités ou ses splendeurs , ses fautes d'orthographe et sa calligraphie incertaine . Quand c'est bien écrit , alors hosanna ! Parfois même les ratures sont belles comme des enluminures . Certaines souffrances sont belles comme des oeuvres d'art . L'idéal serait de vivre comme Bach écrivait ses partitions.
Christian Bobin
La lumière du monde
La tristesse ce n'est pas la pluie
pas la douleur pas l'ennui
pas même le mal d'amour
La tristesse c'est
le manque de Dieu
comme on dit le manque
d'air ou d'argent
Une maladie de l'âme
un grave défaut de fraîcheur
Christian Bobin
La vie passante
Je t'aime et dans cet amour fleurit la plus grande vue de toi , une image où tu es libre.
Christian Bobin
Photo de Boubat
Il y a les couples. Il y a les couples, ceux qui sont dans les maisons, derrière le papier peint des murs : la fin des solitudes, la maladie organique de l'amour. Les corps sont appris. On sait leurs préférences, d'un jour à l'autre, d'une pièce à l'autre, le bruit des pas les humeurs éternelles. On sait tout ce qui est à savoir, le bonheur, l'amertume, dans un sens, c'est pratique. Les choses qu'on ne sait pas, on s'en méfie. Elle n'entrent plus dans les gestes, dans les rêves. Elle échappent. La haine les mange, en silence, elle s'en nourrit. C'est la loi, la règle. Et puis il y a l'autre solitude. On peut la découvrir , toujours. C'est comme une première fois. Elle ne part pas. Intacte, inutile. Celle de l'âme rompue, ravie. Celle de l'écriture. Je ne la reconnais qu'à l'instant de la perdre, au bord de trop parler. Je la vois à l'oeuvre dans la chambre des amants , dans ce silence sur eux comme la neige, comme le poids de la neige sur les cils, sur les dents. Les mots de l'amour sont comme l'amour que l'on fait, ils demandent la nuit, l'éclat sans égal de la nuit. On aime. On écrit. C'est pour ne pas mourir et c'est juste après la mort.
Christian Bobin
L'enchantement simple
L'art de la conversation est le plus grand art.
Ceux qui aiment briller n'y entendent rien. Parler vraiment, c'est aimer, et aimer vraiment, ce n'est pas briller, c'est brûler.C.B.