Voyage en train . Une petite soeur m'attend, et nos parents. Je traverse l'aube , puis le jour .
Je traverse une enfilade de paysages . J'habite les nuages.
Je me laisse surprendre par la vision de l'un d'entre eux : sensation de première fois , qui me laisse sans voix .Je me sens impuissante devant la beauté de ce nuage aux formes libres et aux reliefs ombrés par le soleil. Ciel bleu. Il y a beaucoup de nuages à observer . Il suffit de se laisser surprendre . C'est un jeu. Et en même temps , une bénédiction : la beauté des paysages arrête le cours de mes pensées. Ce sont mes pensées qui défilent ...Etats d'âmes... Souvenirs qui remontent sans crier gare . Prises de conscience . Trouble . Evidence de certains liens . Pensée interloquée , arrêtée par des sensations de vide-plein.
La gare de Lyon : les gens , multiples ; tous , uniques . Les moineaux : je tourne la tête dès que j'en entends un . Je les cherche dans tous les coins . Sur les poutrelles d'acier de la verrière de la gare , sous les tables , entre les bancs...
Puis , je n'arrive plus à les discerner , alors je n'entends plus que leur chant , un seul chant qui emplit toute la gare , auquel se joignent les rumeurs des gens , le bruit des hauts-parleurs : un seul choeur . Le ballet des gestes multiples des gens : sans cesse un nouveau geste , un pas , une tête qui se tourne , une expression de visage , une allure : la fête du nouveau . La vie comme elle vient , comme elle me traverse.
Des doutes aussi , avec effroi. Je ne suis plus une seule et même personne : je voyage à l'intérieur de plusieurs . Je ne sais pas très bien qui . Je vais de l'une à l'autre pour voir ...
Je finis le voyage perplexe , ne pouvant rien dire sur rien . Je reprends mon chemin . Ne s'attacher à rien.
J'aime d'un amour pur ce qui me transforme et me fait voir ce qui est Je n'aurai jamais d'humeur contre la Vérité Je serai sans cesse son obligée car elle ne cesse de m'apprendre l'humilité .
J'ai retrouvé mon innocence Auprès d'un ami , j'ai ri J'ai retrouvé la joie Je n'ai plus faim Je n'ai plus froid Mon ami a pris soin de moi Je te remercie Mon ami
Parfois la vie m'apporte dans un même lot joie et tristesse ; elle ne fait que me sourire et je la regarde, étonnée. Cela peut durer un moment . Lorsqu'enfin je la reconnais, monte dans mon coeur une chanson simple , en même temps qu'une larme .
Il faudrait un mini micro et une mini caméra pour enregistrer tout ce qui se passe dans nos rêves...Je me souviens mal des détails de mes rêves, j'en retiens surtout la teneur, les grandes lignes...Et ces derniers temps, il y a eu beaucoup de rêves de guérison... Quelques détails, cependant, me sont revenus ce matin, car j'étais en train de me réveiller, en m'accordant le luxe de me rendormir un peu de temps en temps...Le temps de saisir au vol ces drôles de paroles prononcées à mes élèves alors que je leur distribuais des feuilles de brouillon, pour qu'ils travaillent avec : " Cela va vous servir de naissance et de mort pour votre base personnelle" !!!! Heureusement que je ne leur parle pas comme ça dans la "réalité" ! Quoique, ils seraient bien intéressés, sans doute...
Il y a trois ans, je suis allée à Mangalam, l'ashram d'Arnaud au Québec. Longtemps après je me souvenais du bruit du vent dans les grands arbres au bout du champ, du bruit de la pluie d'été, et des "ouins-ouins" dans la nuit...Je m'en souviens encore... Je viens de réserver un vol pour Montréal...Je retourne pour trois semaines là-bas au mois d'août ...
J'habite sous les toits, au dernier étage Quand il pleut, je suis aux anges, au septième ciel ( mais seulement au deuxième étage)...Quelle est cette étrange communion avec la pluie ? Sans doute cela a -t-il commencé dans ma jeunesse... Ai-je entendu la pluie pour la première fois en promenade dans mon landau ? Ou sous le toit d'une voiture, ou contre la vitr , ou sous une tente ? Je ne m'en souviens pa ...Mais en entendant la pluie, je me souviens d'autre chose, qui est très important, plus important que tout, et qui dit : "oui , c'est vrai, ça existe, ce bonheur ! " C'est comme ça aussi avec le bruit du vent dans les arbres, ou de l'hirondelle qui passe dans le ciel orageux. Parfois aussi le bruit du train, au loin. Un grillon, le soir d'été. En ce moment, je suis plus qu' heureuse ! L'orage a grondé et ma joie a redoubl ... "La pluie ne me parle pas de la pluie, mais de quelqu'un d'autre dont elle est la petite fille "... Christian Bobin a mis des mots sur ce que je vis. Je veux trouver maintenant mes mots pour dire ce que je vis.Pour dire que je vis. Sylvie
"L'amour amourifie", dit Yvan Amar ; moi, il me bêtifie ... c'est normal, quand il n'est pas à sa place. Pour qu'il m'amourifie, il faut qu'il me remette à ma place, et pour celà, il sait y faire l'amour, il sait faire tomber par terre, manger la poussièr ; c'est pour celà que je l'aime, l'amour, parce que par amour pour moi, il m'indique le chemin: pas par là , pas par là ...