Sevim
A ma soeur Cécile
Cache-les dans ton coeur, toi dont le coeur pardonne,
Ces bouquets imprudents qui fleurissaient en moi ;
C'est toute une âme en fleur qui s'exhale vers toi ;
Aux autres, je l'entr'ouvre : à toi, je te la donne.
Marceline DESBORDES-VALMORE
(1786-1859)
Peinture de Sylvie Dattas
La nuit éblouirait
Personne n'est vraiment aimé de son vivant :
il faut que nous mourrions pour être aimés vraiment.
La nuit éblouirait autant que le soleil
si nous aimions autant les vivants que les morts.
La mort venait de faire une entrée remarquée :
le malheur est aussi éblouissant qu'un dieu
quand le coeur ne fait pas son travail à moitié.
La mort n'est jamais loin de ceux que nous aimons .
Il n'y a que la mort qui nous aime vraiment
el les fleurs qui jamais n'ont fait souffrir quelqu'un.
Lydie Dattas
Ecouter Lydie Dattas parler de "La Foudre" , son dernier livre.
Hayatım ne güzel
Ne kadar ölümler yaşıyorum
Her zaman Yârim bana bir şey söyliyor
Sen uyuma uyuma diyor
Güzelliğini görmek için
Nasıl uyurum
Hayatım
Ma Vie est si belle
Je meurs tant de fois
Le Bien-Aimé ne se lasse pas de me parler
Il me dit : Ne t'endors pas
Mais comment dormirais-je,
Ma Vie,
Si je veux contempler Ta Beauté
CEVİZ AĞACI
Başım köpük köpük bulut, içim dışım deniz,
ben bir ceviz ağacıyım Gülhane Parkı'nda,
budak budak, şerham şerham ihtiyar bir ceviz.
Ne sen bunun farkındasın, ne polis farkında.
Ben bir ceviz ağacıyım Gülhane Parkı'nda.
Yapraklarım suda balık gibi kıvıl kıvıl.
Yapraklarım ipek mendil gibi tiril tiril,
koparıver, gözlerinin, gülüm, yaşını sil.
Yapraklarım ellerimdir, tam yüz bin elim var.
Yüz bin elle dokunurum sana, İstanbul'a.
Yapraklarım gözlerimdir, şaşarak bakarım.
Yüz bin gözle seyrederim seni, İstanbul'u.
Yüz bin yürek gibi çarpar, çarpar yapraklarım.
Ben bir ceviz ağacıyım Gülhane Parkı'nda.
Ne sen bunun farkındasın, ne polis farkında.
Nâzim Hikmet
Je suis tout imprégné de mer et sur ma tête écument les nuées
Dans le jardin de Gulhané, voilà que je suis un noyer
Un vieux noyer tout émondé, le corps couvert de cicatrices
Nul ne le sait, ni toi, ni même la police.
Dans le jardin de Gulhané, voilà que je suis un noyer
Et tout mon feuillage frémit comme au fond de l'eau le poisson
Et comme des mouchoirs de soie, mes feuilles froissent leurs frissons
Arrache-les, ô mon amour, pour essuyer tes pleurs.
Or mes feuilles, ce sont mes mains, j'ai justement cent mille mains
De cent mille mains je te touche et je touche Istanbul
Mes feuilles ce sont mes yeux, et je regarde émerveillé
De cent mille yeux je te contemple et je contemple Istanbul
Et mes feuilles battent et battent comme cent mille coeurs
Dans le jardin de Gulhané, voilà que je suis un noyer
Nul ne le sait, ni toi, ni même la polic e
Bakacak arkamdan mutfak penceremiz.
Balkonumuz geçirecek beni çamaşırlarıyla
Ben bu avluda bahtiyar yaşadım bilemediğiniz kadar,
Avludaşlarım, uzun ömürler dilerim hepinize…
Nazim Hikmet, Moskov, Nisan 1963
Yasamak bir agaç gibi, tek ve hür,
Ve bir orman gibi kardesesine,
Bu hasret bizim!
Vivre comme un arbre, seul et libre,
Vivre en frères comme les arbres d'une forêt,
Ce rêve est le nôtre!