Sevim
"Bien que possédant une part non négligeable d'interprétation personnelle, les "retours empathiques" sont relativement "normés", exprimant un sentiment ou une émotion implicite. Ils tendent à témoigner à l'interlocuteur du centrage sur lui (la personne qui s'exprime) et restitue une dimension affective, en utilisant la reformulation (analogie). Comme illustré ci-dessus par les exemples, ces retours peuvent autant être utilisés par rapport à des sentiments positifs ou négatifs.
Je suis interpelée par cette vision , car il s'agit bien d'une vision , celle de l'autre , de la situation , et de soi par rapport à l'autre. C'est la non-identification à l'oeuvre, la possibilité d'être un avec l'autre sans être semblable, de se préserver tout en étant ouvert.
Est-ce possible? Je crois que sans vulnérabilité c'est impossible(donc ne pas se préserver?). Ce que l'autre touche en moi ne peut être renié. Si je le vis unifié , je peux alors (peut-être) être en empathie avec l'autre.
Les formulations citées sont un peu abruptes et schématiques. Elles me parlent, cependant, car il me semble devoir tout réapprendre: à ressentir, à voir, à parler...à marcher ? Presque !
Sylvie
"La psyché globale, qui comprend l'ensemble dynamique conscient-inconscient, se développe à travers des crises de transformation successives , des métanoïa, où l'ancienne forme ( la chenille) après une période étrange ( le cocon) peut - si le processus s'accomplit à son terme- accéder à une forme nouvelle (le papillon).
La "maladie psychique", fait aussi partie du processus car elle engendre un déséquilibre qui contraindra l'ensemble à "inventer" un nouvel équilibre.
Dans la vie courante, nous connaissons bien la crise d'adolescence, qui conduit normalement le sujet de l'état d'enfant à l'état d'adulte. Mais ce n'est pas la seule "crise" de notre vie. La psychanalyse freudienne a rendu célèbre le passage oedipien. Il en est d'autres. Je renvoie mon lecteur à toute l'oeuvre de Pierre Solié, à ce sujet , avec ses deux livres principaux, "La femme essentielle" et "Le sacrifice", où il retrace l'itinéraire de psyché, avec dans l'enfance les trois étapes de l'oralité, l'analité et la génitalité, puis à la suite du retournement opéré par la crise du milieu de vie, les trois étapes spirituelles d'Eros, Charitas et Agapé.
A chaque passage ( Pierre Solié en décrit sept), trois forces s'opposent et se conjuguent, pour l'accomplissement de la crise: le maternel, force de conservation de l'ancien, qui résiste ( les forces chtoniennes), le paternel, force d'attraction qui pousse vers le futur (les forces ouraniennes) et le Soi, qui réalise la métanoïa, par la conjonction des opposés, créant une nouvelle forme, qui transcende ancien et nouveau, passé et futur, maternel et paternel.
Ainsi s'accomplit: "Rien n'est comme avant , et pourtant tout est comme avant".
La logique du Soi est paradoxale; son itinéraire n'est pas linéaire mais , de rupture en rupture, engendre les formes nouvelles de la vie. Il est créateur. De métanoïa en métanoïa, psyché s'affine ( les Hindous la nomment corps subtil), devient de plus en plus subtile, jusqu'à son accomplissement dans cette "fine pointe de l'âme", dont parlaient les mystiques chrétiennes du Nord, et Thérèse d'Avila, fine pointe apte à toucher le divin dont elle provient, et à se laisser toucher par lui.
Ainsi, parvenu au seuil du plus grand, le sujet se tient; ayant allumé la lampe, il veille, car , nous dit Jésus: "Vous ne savez ni le jour, ni l'heure"
et Lee Lozowick: "La seule grâce est d'aimer Dieu" "
Lily Jattiot
La fine pointe de l'âme
Ce livre est intéressant ; moi qui ne connaissais que la psychanalyse freudienne ( grâce à une prof de français en seconde) , je comprends enfin les bases de la psychanalyse jungienne qui m'attire depuis longtemps.
Jung a avancé la notion d'"archétypes" , présents en nous ( dans une forme d'inconscient collectif) dès la naissance . Cela génère un mouvement partant de nous vers l'extérieur , à la rencontre de situations ou de relations avec des personnes , qui nous permettent de réaliser , de construire l'"imago".
"Imagos maternelle et paternelle vont structurer nos futures rencontres masculines et féminines"
La définition de la "libido" chez Freud et chez Jung n'est pas la même.
Pour Jung , elle est composée de Eros , l'archétype maternelle" , Logos , l'archétype paternel , et Autos , le Soi , fonction transcendante , archétype de la totalité , gardien de la cohérence psychique malgré sa composition multiple. "Si le sujet sombre dans la démence , apparaît la fonction du Soi , autos , gardien de l'unité du sujet".
"Le sujet humain , de divine origine , a sa cohérence propre à la fois unique et universelle . Il porte en lui -même sa pulsion d'accomplissement. Cette pulsion a souvent la forme d'une irrésistible passion de la liberté , qui deviendra spirituellement aspiration à la libération , quel qu'en soit le prix".
"La maladie et la mort psychique ( ce que l'on nomme être réduit à l'état de légume ) se produisent quand la capacité de cohérence du Soi , le rétablissement de l'unité échoue . Le sujet est comme un royaume divisé en factions jouant les unes contre les autres ou des parts qui ne se rencontrent plus et vivent séparément . Le lien avec la totalité échoue ( au profit du délire) la mémoire se troue( le fil du récit s'interrompt) des pans entiers de la vie du sujet disparaissent corps et biens ( ses préoccupations s'appauvrissent et se rigidifient ) . Parfois le sujet se dédouble , " la main droite ne sait plus ce que fait la main gauche". Parfois aussi , le sujet devient incapable du moindre apprentissage( comme si cela ne s'imprimait plus) ; les leçons de la vie ne portent pas , la personne tourne en rond en recommançant toujours les mêmes erreurs qu'elle ne reconnaît pas , et tout est toujours à recommencer . (...)
Quand nous sommes enfermés dans l'éternel recommencement , quand nous tournons sans fin en rond , sans aboutir , nous sommes prisonniers de l'archétype maternel . Et la dépression-maladie psychique si répandue de nos jours - est le soupir du Soi quand il échoue à s'accomplir , et à franchir avec l'aide de l'archétype paternel certaines étapes décisives."
Ces passages m'ont beaucoup parlé , et ce n'est que le début du livre...
Je sens que je dois me préoccuper sérieusement du processus de vie en moi , avec prudence , aussi , bien-sûr, car il ne s'agit pas de tout vouloir "comprendre" . Pour "voir" , il faut poser un regard doux...
Sylvie
Ce que je vis n'est pas d'ici
Ce que je vis me suffit
Ce que je vis est ici
Je n'ai pas compris
Ce que je vis